Services de santé au Togo: Mécontentement croissant face à la performance gouvernementale

Services de santé au Togo: Mécontentement croissant face à la performance gouvernementale

Le système de santé au Togo, bien qu’ayant fait d’importantes avancées en ce qui concerne les indicateurs de base, reste fragile (Africa Renewal, 2010). Il traverse depuis plusieurs années des perturbations périodiques qui en 2018 ont été particulièrement éprouvantes pour les usagers des services de santé avec même une grève sèche sans service minimum (Tounou-Akué, 2018; L-frii, 2018; alome.com, 2018; VOA, 2018; Kamako, 2018). Ces mouvements de grèves portent non seulement sur l’amélioration des conditions de travail et du plateau technique, mais également sur les conditions salariales (Republicoftogo.com, 2018; lomeinfos.com, 2018).

La gouvernance du système de santé togolais semble aussi poser des problèmes, mais les solutions préconisées par le gouvernement ne convainquent pas leurs partenaires sociaux (Togotribune.com, 2018). En effet, si les responsables du Syndicat des Praticiens Hospitaliers du Togo (SYNPHOT), principal partenaire social du gouvernement, reconnait que l’option d’une contractualisation de la gestion du Centre Hospitalier Universitaire Sylvanus Olympio prise par le gouvernement peut améliorer la gestion du centre, il rappelle aussi que les problèmes de santé ne se résument pas seulement à des questions de bonne gouvernance (Lomeinfos.com, 2018).

La santé, une première priorité

Quand on demande aux Togolais quels sont les problèmes qu’ils considèrent les plus importants auxquels leur gouvernement devrait s’attaquer, la santé se classe 2ème, mentionnée par 42% des répondants parmi leurs trois premières priorités.

Expérience avec les services de santé

Les citoyens accordent une priorité aussi élevée à l’action gouvernementale par rapport aux services de santé peut-être en raison de ce que bon nombre d’entre eux pensent qu’il leur est difficile voire impossible d’obtenir les soins dont ils ont besoin. Comme l’on aurait pu s’y attendre, les citoyens pauvres ou moins instruits sont plus susceptibles que leurs compatriotes mieux nantis et plus instruits de devoir se passer de services de santé. Par ailleurs, des disparités émergent d’une région du Togo à l’autre. Même quand ils n’ont pas à se passer de médicaments et de soins, presque la moitié (48%) des Togolais affirment qu’il leur est « difficile » ou « très difficile » d’obtenir les services de santé dont ils ont besoin.

Alors que les résidents ruraux et moins instruits sont plus susceptibles de rapporter avoir dû se passer de services de santé, les citoyens citadins (55%) et mieux instruits (51%) sont plus susceptibles d’affirmer qu’il leur est difficile d’obtenir les soins dont ils ont besoin. Les difficultés ressenties à obtenir les soins s’accroissent également avec le seuil de pauvreté des répondants, allant de 32% parmi ceux qui affichent un niveau bas ou nul de pauvreté vécue à 57% parmi ceux qui affichent un niveau élevé de pauvreté vécue.

En ce qui concerne un autre indicateur de qualité de service – le temps d’attente avant d’obtenir les soins nécessaires – presque deux-tiers des Togolais affirment avoir reçu les services « immédiatement » (24%) ou « après un délai court » (40%). Un sur trois (34%) affirme avoir dû attendre « longtemps », et 1% affirment n’avoir « jamais » reçu les soins.

Quant à l’évaluation de l’accès aux services de santé, plus de Togolais pensent que la possibilité pour eux d’obtenir les soins médicaux s’est dégradée par rapport à « Quelques années » auparavant: Une majorité relative (44%) affirme qu’elle est « pire » ou « bien pire », tandis que 33% pensent qu’elle est meilleure. Un sur quatre (23%) affirme que les choses sont pareilles.

Performance gouvernementale en ce qui concerne l’amélioration des services de santé de base

De façon générale, six Togolais sur 10 (62%) affirment que le gouvernement s’en sort « assez mal » ou « très mal » en ce qui concerne l’amélioration des services de santé de base, marquant un accroissement de 11 points de pourcentage par rapport aux évaluations négatives de 2014. La proportion des répondants qui félicitent le gouvernement pour sa performance a régressé de presque la moitié (48%) à un tiers (36%).

Auteurs de l’article: Thomas Isbell et Hervé Akinocho, voir plus: http://afrobarometer.org/fr/publications/ad310-services-de-sante-au-togo-mecontentement-croissant-face-la-performance