La plupart des Togolais manquent de confiance en la commission électorale et préfèrent une alternative indépendante et technique
Le Togo depuis août 2017 est secoué par une nouvelle vague de protestation d’une coalition de partis d’opposition, la C14, pour les réformes constitutionnelles, institutionnelles, et électorales qui auraient dû permettre d’aboutir à non seulement des élections législatives et locales mais également au référendum constitutionnel plus consensuels (Togo Times, 2018). Le succès de ce marathon électoral aurait dû en partie être conditionné par la confiance que les différents acteurs ont aux institutions intervenant dans le processus électoral, notamment la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Ainsi, comme on peut s’y attendre, la bataille pour le contrôle de la CENI a fait rage entre la coalition de l’opposition et la mouvance au pouvoir (Atlantic Infos, 2018; Lemask, 2018; Deguenon, 2018; RFI, 2018a; Togosite.com, 2018). Cette bataille a finalement abouti au boycott par la C14 de la CENI et des élections législatives du 20 décembre 2018 (RFI, 2018b; Digitalcongo.net, 2018).Il faut aussi dire que par le passé les élections ont conduit à de nombreuses contestations des résultats et à des accusations de partialité de la CENI (Vampouille, 2010; lemonde.fr, 2015; togotribune.com, 2018). Une réputation dont la CENI a du mal à se défaire et qui peut affecter la confiance des citoyens à son encontre.
Baisse de la confiance en la commission électorale
Un Togolais sur quatre (26%) seulement affirme faire « partiellement » ou «beaucoup » confiance en la CENI, marquant une chute par rapport aux 37% de 2014. La proportion des citoyens qui affirment faire confiance « juste un peu » ou « pas du tout » en la commission s’est accrue de 12 points de pourcentage depuis 2012, passant à 65%.
A quel point les élections sont-elles libres et transparentes?
Un élément qui pourrait affecter la confiance des citoyens en la commission électorale nationale indépendante est leur appréciation de ce que la commission assure ou non des élections libres et transparentes. Au Togo, les perceptions des populations sur les élections récentes se sont dégradées ces dernières années. En 2017, quatre répondants sur 10 (40%) seulement affirment que les dernières élections nationales (les élections présidentielles de 2015) étaient « entièrement libres et transparentes » ou « libres et transparentes avec des problèmes mineurs », marquant une baisse de 21 points de pourcentage par rapport aux 61% qui avaient ce sentiment en 2014 par rapport aux élections parlementaires de 2013. Presque la moitié (47%) des citoyens togolais ont maintenant le sentiment que les dernières élections nationales ne sont « ni libres ni transparentes » ou sont « libres et transparentes avec des problèmes majeurs »
Soutien à une commission électorale non-partisane et technique
Une façon d’améliorer la performance de la CENI pourrait être de changer sa configuration actuelle, et ainsi peut-être la qualité des élections au Togo. Au lieu d’une commission composée de 17 membres représentant les partis politiques parlementaires et extra-parlementaires ainsi que la société civile et l’administration, la grande majorité (73%) des Togolais affirment qu’une commission électorale non-politique et plutôt technique serait plus appropriée pour organiser les élections et en proclamer les résultats. Indépendamment du degré de confiance qu’ils accordent à la CENI actuelle, au moins deux-tiers des Togolais affirment qu’une commission non-partisane et technique fonctionnerait mieux. Il ressort des résultats de l’enquête la plus récente d’Afrobaromètre au Togo que la confiance populaire en la commission électorale est basse, et quand bien même les citoyens soutiennent que les élections sont le meilleur moyen de choisir les dirigeants, la perception qu’ils ont de la qualité des élections a chuté. La plupart des Togolais – même ceux qui font confiance en la commission électorale – affirment qu’une commission électorale apolitique et plutôt technique fonctionnerait mieux.