Les changements climatiques empirent la vie au Togo mais sont moins connus par les agriculteurs

Les changements climatiques empirent la vie au Togo mais sont moins connus par les agriculteurs
La problématique des changements climatiques constitue actuellement l’un des débats qui alimente la scène politique internationale. Les pays en développement sont davantage dépendants des ressources climatiques pour leur agriculture et ont une capacité d’adaptation plus faible que les pays industrialisés (Pereira, 2017 ; Hernes et al., 1995 ; Schelling, 1992). Par contre, les pays en voie de développement subissent autant que les pays développés les conséquences du réchauffement de la planète bien qu’ils soient moins producteurs de gaz à effets de serre. Dans le souci de lutter contre ce fléau, en 2009, le Togo a proposé un Plan d’Action National pour l’Adaptation répondant aux questions relatives aux catastrophes naturelles, à l’agriculture, aux inondations, à l’érosion côtière (MANATIONTOGO, 2015). Cependant, les récentes données Afrobaromètre montrent que les Togolais estiment que les conditions climatiques en ce qui concerne la production agricole – surtout la sécheresse – se sont dégradées au cours de ces 10 dernières années. Cette pensée est plus poussée chez les agriculteurs et dans la région des Savanes.

Perceptions de l’évolution des conditions climatiques

La majorité (63%) des Togolais estiment que pendant ces 10 dernières années, les conditions climatiques en ce qui concerne la production agricole sont devenues « pires » ou « bien pires ». Cette perception est plus poussée chez les agriculteurs (72%) que chez les autres citoyens (60%). En parallèle, elle est plus forte chez les ruraux (70%) qu’en ville (52%). De plus, cette perception est très grande dans la région des Savanes (82%) contrairement à Lomé Commune (46%), qui n’est pas une région agricole. De façon spécifique, deux Togolais sur trois (68%) pensent que la sécheresse dans leur région est devenue « quelque peu » ou « beaucoup » plus grave. Encore une fois nous notons une très grande proportion (93%) de la population de la région des Savanes – la région la plus chaude et la plus proche du désert du Sahara – qui affirment que la sécheresse est devenue plus grave. De même, il ressort que les agriculteurs (74%) sont plus concernés par la question de la sécheresse que les autres citoyens togolais (65%), ainsi que les ruraux (73%) par rapport aux urbains (59%). Par ailleurs, la perception des Togolais en ce qui concerne la gravité de la sécheresse ne dépend pas du genre mais du niveau d’éducation. Les Togolais ayant un niveau d’éducation post-secondaire (57%) semblent moins percevoir la gravité de la sécheresse que les moins éduqués, par exemple ceux ayant un niveau primaire (72%). Parmi les aléas climatiques, l’inondation semble un facteur moins préoccupant au Togo. Ainsi, seulement 26% des répondants pensent que le phénomène d’inondation s’est aggravé dans leur région au cours des 10 dernières années, tandis que la majorité (55%) affirme qu’il est devenu moins grave. La région Centrale est la moins touchée par le problème d’inondation (4%); par contre les populations des Savanes (46%) et de Lomé (40%) estiment que la gravité des inondations a augmenté. Le milieu urbain semble être plus exposé (32%) à l’inondation que le milieu rural (22%).

Connaissance des « changements climatiques »

La connaissance du concept des « changements climatiques » n’est pas aussi ancrée dans la population togolaise que la perception de certains changements dans les conditions climatiques. En effet, plus de la moitié (55%) des Togolais affirment avoir entendu parler des changements climatiques, contre 44% qui les ignorent. Cette connaissance varie fortement suivant les catégories sociodémographiques. Les agriculteurs (41%) ont moins entendu parler des changements climatiques que les autres citoyens (60%), ce qui entraine par ricochet les mêmes tendances entre les ruraux (47%) et les urbains (67%). Les données montrent également que la connaissance de la notion de changements climatiques dépend du genre et du niveau d’éducation. Les hommes ont beaucoup plus entendu parler des changements climatiques que les femmes (65% contre 45%). Par contre les femmes participent également à la déforestation par l’utilisation du bois de chauffe pour la cuisine ainsi que pour des herbes médicinales (World Bank, 2018). En outre, la question des changements climatiques semble beaucoup plus une question d’intellectuels qu’une question partagée. En effet, les Togolais ayant un niveau post-secondaire ou secondaire sont plus informés (64%) que ceux qui n’ont aucune éducation formelle (28%). Parmi ceux qui ont une connaissance du concept de changements climatiques, huit Togolais sur 10 (79%) définissent ce dernier comme étant des changements négatifs, tels que plus de sécheresses, d’inondations, ou de chaleur extrême. Cette proportion est très forte dans la région des Savanes (92%). Ceci peut être dû au fait que la région des Savanes subit beaucoup plus les effets des changements climatiques au Togo en termes de sécheresse et d’inondation.

Causes et effets des changements climatiques

Au Togo, parmi ceux qui ont entendu parler des changements climatiques, plus de six répondants sur 10 (64%) les attribuent aux activités humaines, telles que la recherche de combustibles et autres activités qui polluent l’atmosphère. Les Togolais (81%) sont également convaincus que les changements climatiques affectent la vie au Togo au point de la rendre « quelque peu pire » ou « beaucoup pire ». Néanmoins, la majorité des Togolais (74%) pensent que les citoyens ordinaires peuvent lutter contre les changements climatiques. L’agriculture togolaise est essentiellement dépendante des conditions climatiques et donc devient peu productive face aux contraintes climatiques. La question de changements climatiques est à prendre au sérieux par les décideurs étant donné qu’elle affecte la production agricole et donc constitue une menace pour le développement socio-économique du pays. Les données Afrobaromètre montrent que les agriculteurs, les ruraux, la population la moins éduquée, et les femmes savent moins des questions relatives aux changements climatiques. Le gouvernement doit donc renforcer la sensibilisation auprès de ces populations afin qu’ils comprennent mieux les questions de changements climatiques, les causes, les conséquences, et les approches de solutions possibles.